Construire des éco-syndicats de citoyens pour accélérer la transition

« Des rénovations thermiques pour nos logements HLM, l’écologie pour nous aussi ». En Seine St Denis ou dans le Rhône, les habitants de quartiers populaires membres de l’Alliance Citoyenne d’Aubervilliers et de l’Alliance Citoyenne du Grand Lyon sont debout pour la justice climatique.

Habitants des passoires thermiques dans les quartiers populaires, riverains d’usines polluantes, parents d’enfants scolarisés dans des zones à air très pollué, habitants de campagne affectés par les pesticides… Certaines personnes, certaines communautés d’habitants, se retrouvent malgré eux au front des luttes écologiques et climatiques (voir la notion de « communautés au front » de Naomi Klein).

Quand ces communautés s’organisent, elles deviennent le fer de lance de la mobilisation citoyenne pour le climat. Avec l’aggravation des rérèglements écologiques, il est possible et nécessaire d’élargir le champ de la mobilisation citoyenne au-delà des cercles activistes pour accélérer les économies d’énergie et la sortie de l’économie polluante. Les éco-syndicats de citoyens de l’Alliance contribuent à leur mesure à ces transformations dans les quartiers de Lyon-Villeurbanne, de Grenoble et de Seine St Denis.

En 2015, une mobilisation de locataires dans les HLM de Teisseire à Grenoble permettaient d’obtenir un changement des fenêtres de tout le quartier. Motivés pour ne plus prendre froid dans leur logement et baisser les coûts excessifs de chauffage, les habitants se battaient pour des économies d’énergie et faisaient ainsi de l’écologie sans le savoir.

Certains groupes sociaux ont des intérêts collectifs correspondant également un intérêt écologique. Leurs revendications, actions, négociations et victoires petites ou grandes pour la fin de l’utilisation des pesticides, la réduction du trafic automobile, les rénovations énergétiques ou l’annulation d’un projet polluant peuvent être décisifs pour accélérer la transition écologique. En nommant écosyndicats de citoyens les organisations de défense d’intérêts collectifs de ces groupes-là, il est possible de mieux les reconnaitre et d’étudier les conditions de leur multiplication qui constitue un enjeu majeur pour renforcer l’ancrage de l’écologie politique et du mouvement climat dans la société en général et parmi les classes populaires en particulier.

Les écosyndicats comme organisation de base d’une écologie populaire

On peut imaginer une multiplication de mobilisations locales ciblées et des petites victoires pour faire reculer la crise écologique et sociale et relever le défi climat. La constitution d’une multitude d’éco-syndicats d’habitants de quartier, de parents ou d’usagers des transports pour gagner la guerre climatique.

Le plus grand nombre des candidats écologistes élus aux dernières municipales sont des ingénieurs ou plus généralement des bac +5 appartenant aux classes moyennes supérieures. Le risque est grand de reproduire une écologie de centre ville et de classes moyennes et supérieures.

Pour éviter cela, il est possible de construire des dynamiques collectives des personnes au front des enjeux écologiques. Des écosyndicats de locataires, de parents ou d’usagers des transports. Une citoyenneté collective qui je se limite pas aux élections: organisation d assemblées populaires, revendications, actions collectives, négociations… Historiquement, c’est l’expérience syndicale qui a formé des générations de militants et militantes ouvriers jusqu’à permettre a nombre d’entre eux de devenir élus via les partis socialistes ou communistes.

🌍A Aubervilliers et Villeurbanne au front de la bataille pour le climat
Kama à Aubervilliers paye 1027€ pour 2 mois d’électricité en hiver et vit dans un four l’été. Nawal et Bijou à Villeurbanne dépensent près de 30% de leurs revenus pour les factures d’énergie. Il y a l’injustice sociale de s’être vues attribuer un logement HLM qui soit une véritable passoire thermique.
Et, en toile de fond, le défi climatique quand le secteur du bâtiment représente 45% de la consommation d’énergie et 27% des émissions de gaz a effet de serre. Debout pour demander des économies pour leur famille et des économies d’énergie, elles montrent la voie d’un écosyndicalisme citoyen qui est la condition d’une véritable écologie populaire où les gens du peuple ont leur siège a la table des décisions nécessaires à la transition.

Les écosyndicats de citoyen dans l’Alliance

  • Ecosyndicat de quartier à Monod, Villeurbanne (69). Mobilisé pour les économies d’énergie dans les logements sociaux
  • Ecosyndicat de quartier à la Maladrerie, Aubervilliers (93). Mobilisé pour les économies d’énergie et l’accélération des rénovations thermiques.
  • Ecosyndicat de quartier à Teisseire, Grenoble (38). Mobilisé contre les gaspillages d’eau et pour les économies d’énergie.
  • Ecosyndicat d’usagers du train à Montpellier (34) en construction pour améliorer les trains et faciliter cette alternative aux déplacements en véhicules individuels polluants.

Chico Mendès, du syndicalisme à l'écosyndicalisme au Brésil dans les années 1960

Le terme « syndicat » décrit une organisation de défense des intérêts collectifs de ses membres (syndicats de travailleurs, d’étudiants, de locataires, de parents d’élèves…). On parle d’écosyndicats lorsque les intérêts collectifs défendus coïncident avec des enjeux écologiques plus larges. La notion d’écosyndicat a été utilisée pour la première fois pour décrire les syndicats de seringueiros initié dans les années 1960 par Chico Mendès dans la forêt amazonienne brésilienne. Les travailleurs récoltant le caoutchouc des hévéas voyaient leur métier menacé par la déforestation et l’abattage des forêts pour l’élevage industriel. Le syndicat des seringueiros monté par Chico Mendès défend les intérêts des travailleurs mais pour cela, défend aussi l’environnement qui permet leur travail dans de bonnes conditions. « Au début je défendais les travailleurs, puis je défendais la forêt, et maintenant je défends l’humanité et la planète toute entière » disait Chico Mendès avant d’être assassiné sur ordre des patrons d’entreprises œuvrant à la déforestation.