OBTENIR JUSTICE FACE A UN PROPRIETAIRE MALHONNETE

Des logements insalubres à des prix trop élevés. Tels sont les services proposés par les marchands de sommeils contre lesquels luttent les membres de l’Alliance Citoyenne. A Grenoble, des locataires victimes d’une propriétaire voyou sont passé à l’action. A Aubervilliers, les locataires du Fort et des Quatre Chemins s’organisent pour obtenir des conditions de vie décentes.

|GRENOBLE| - Victimes d'un marchand de sommeil, ils organisent un lâché de pigeons chez lui

Pigeons, Moisissures… Des taudis à St Martin d’Hères à la villa de Mme Prettre

« On en peut plus de vivre dans des taudis, alors on vient prendre l’air à Corenc et faire un pique-nique avec des spécialités portugaises.  Et vu qu’on est gentils on va lui offrir un cadeau qui va lui rappeler un peu ce qu’on vit : des pigeons ! »

Le samedi 13 mai 2017, deux mondes se sont confrontés chemin du Renevier à Corenc devant le domicile de Mme Prettre. Les  locataires ont constaté l’écart de conditions de vie entre l’impeccable villa de leur propriétaire et l’état de leurs propres logements.

Les locataires reprochaient à Simone Prettre, une avocate à la retraite, de ne pas prendre en charge les travaux qui incombent au bailleur (entretien des parties communes, réparation de la porte d’entrée, ramonage de la cheminée principale, recherche de fuites et travaux d’étanchéité). Pour couronner le tout, la femme  louaient ses logements uniquement à des ménages portugais et tenaient des propos racistes. 

Pour dénoncer leurs conditions de vie, les habitants ont décidé d’organiser un lâché de pigeons chez Mme Prettre pour lui donner un aperçu du cadre de vie marqué entre autres par les couches de fiente de plusieurs centimètres ou par des cadavres en décomposition de ces animaux.

Après avoir alerté le service Hygiène de la ville, les agents de Grenoble ont reconnu l’insalubrité de l’immeuble. Finalement, les habitants ont eu le soulagement d’apprendre que Mme Prettre avait vendu son immeuble à Pluralis. Ce bailleur social s’est engagé lors de la réunion du 7 septembre à prendre des mesures d’urgence (changement des tableaux électriques, recherche de fuites) avant d’entamer des travaux de plus grandes envergures d’ici 2019.

|AUBERVILLIERS| - Des locataires s'organisent contre leur richissime propriétaire pour obtenir des conditions de vies décentes.

Depuis plusieurs mois, les locataires du 233, du 73 et du 81 Avenue Jean Jaurès s’organisent pour obtenir des améliorations concrètes de leurs logements. Humidité, mauvaise isolation, installations électriques dangereuses, porte d’entrée cassée, les motifs de la colère des locataires sont nombreux :

“Quand on a aménagé ici, c’était nickel, mais 2 mois après, les murs se sont remplis de moisi. Tous les meubles sont foutus à cause de l’humidité. Du coup on achète rien, on paye 1000 euros ici et c’est le camping !” , explique un locataire de l’avenue Jean Jaurès.

Un des logements de Mme. Busconi

Un groupe de locataires a porté plainte contre leur richissime propriétaire, Mme Busconi. Cette dernière, à défaut de leur offrir un dédommagement, leur avait proposé… Une nuit dans son château !  

Après plusieurs mois de mobilisation, les locataires ont enfin obtennu de Mme Busconi des engagements, concernant la réparation de leur porte d’entrée, la rénovation de la colonne d’eau au 81, ainsi que le remplacement du bac à douche d’un des locataires. Un mois après cette négociation, les locataires de l’avenue Jean Jaurès sont impatients de voir Mme Busconi tenir ses engagements.

En revanche, concernant les travaux d’isolation de ses logements, la propriétaire nie l’existence même d’un problème d’humidité. Selon elle, c’est aux locataires de bien chauffer leurs appartements. Le problème reste donc entier.

Un cas loin d’être isolé sur Aubervilliers

Qu’ils soient travailleurs seuls, personnes âgés, où parents avec enfants, les locataires de Mme Busconi ont pratiquement tous quelque chose en commun… ils attendent un HLM, et parfois depuis très très longtemps. 

Ainsi, Jeanine et ses trois enfants ont fait leur demande de logement social depuis plus de 10 ans ! Malgré les procédures DALO, et le renouvellement régulier de la demande de logement, le droit au logement reste un droit très théorique….A Aubervilliers comme à Saint Denis, le PPPI (parc privé potentiellement indigne) représentait environ 30%[1] du parc privé en 2007, soit nettement plus que dans le reste du département de Seine-Saint-Denis (10%[2]), et que dans le reste de la France métropolitaine (6%[3]). Même si ce taux a diminué ces dernières années (21%[4] en 2014), il reste l’un des plus d’importants d’IDF. Dans un contexte très tendu, où la demande de logements à Aubervilliers ne fait qu’augmenter et où les lois et les pratiques actuelles d’attribution des HLMs ne permettent qu’à très peu d’« élus » d’accéder au parc social, les squats et autres logements du PPPI sont une étape obligée du parcours résidentiel des plus précaires. Malgré la politique volontariste affichée par la Mairie en matière de résorption de l’habitat insalubre, nombreux sont les propriétaires privés qui profitent de la manne financière que représente cette demande.

[1]  COSTIL M., L’habitat indigne aux portes de Paris : le cas de Saint-Denis, entre idéal et realpolitik », Hérodote, vol. 162, no. 3, 2016, pp. 175-192.
[2] Ibid
[3] Ibid
[4] Ibid