Historique de la campagne « eau » à Aubervilliers
La campagne « eau » a pour point de départ les factures de régularisation de charges d’eau énormes reçues par des habitants de l’OPH, provoquées par des erreurs de l’OPH qui ont conduit à l’absence de régularisation de charges durant plusieurs années. Plusieurs réunions entre des membres de l’Alliance et des représentants de l’OPHLM ont eu lieu, et si certains revendications (échelonnement des paiements, dette divisée par deux) obtiennent une réponse positive au cours de l’année 2016, les membres de l’Alliance sont toujours insatisfaits face à la situation. C’est ainsi que le 20 juin dernier, nous décidons de former un comité d’accueil au conseil d’administration de l’OPHLM : le but est d’encourager les membres à voter pour un moratoire sur la gestion de l’OPHLM et le gel des 20€ mensuels de régularisation, proposés par le nouveau président, M. Daguet. Ce sera finalement un succès puisque la proposition sera bien votée par les membres du CA. Mr Daguet répond par la suite à une interview dans le Parisien, dans lequel il s’engage à suspendre ces prélèvements de 20€.
Rencontre avec la Maire d’Aubervilliers le 19 septembre 2017
Lors d’un rendez-vous avec la maire le 19 septembre, celle-ci annonce soutenir la réalisation d’un audit pour faire la lumière sur ce qui s’est passé et de l’arrêt des prélèvements, et préconise d’effacer les dettes de consommations d’eau qui concernent la précédente mandature municipale. Elle s’engage également à défendre auprès de Mr Daguet l’idée qu’aucune reprise des prélèvements ne doit être effectuée sans concertation avec les locataires.
Promesses non-tenues
Toutefois, au moins d’octobre, les habitants constatent que les 20€ sont toujours prélevés, et que ni Mr Daguet ni Mme Derkaoui n’ont donc tenu leurs promesses. Les habitants décident donc d’assister en groupe à la réunion publique organisée par la mairie à propos de la gestion de l’eau, le 19 octobre. Si cette réunion concerne la gestion de l’eau à Aubervilliers et à Plaine Commune, dans le contexte du débat sur la ré-adhésion au SEDIF, et pas directement la gestion de l’eau par l’OPH, l’idée est de montrer à la mairie et à l’OPH que l’on ne peut pas mentir impunément aux membres de l’Alliance Citoyenne. L’action est bien réussie du point de vue de l’arrivée en groupe, bien identifié comme étant l’Alliance, et de la visibilité des habitants qui prennent la parole. Cependant, le « pouvoir de nuisance » de l’action n’est pas totalement suffisant pour montrer que l’Alliance est capable de réponses concrètes et efficaces.
En parallèle de ces mobilisations, une question parallèle sur l’eau émerge : celle du prix de l’eau à Aubervilliers et à Plaine Commune, déterminée par le fait que le SEDIF effectue une délégation de service public à Veolia, qui pratique des prix plus élevés qu’une régie publique telle que celle d’Eau de Paris. Lors de l’assemblée du 22 mai, les membres de l’Alliance décident donc de refuser la ré-adhésion automatique, et nous demandons à la mairie et à Plaine Commune de réaliser des études sur les différents modes de gestion possible.
Tout au long des mois de juin et juillet, la campagne passe d’abord par une recherche de visibilité, afin d’inscrire le thème de l’eau à l’agenda politique. Au total, nous avons pu interpeller 6 candidats aux législatives sur la circonscription Pantin-Aubervilliers. Cela nous a permis de donner de la visibilité à notre combat et de le porter à l’échelle nationale.
Par ailleurs, les habitants s’entretiennent plusieurs fois avec M. Daguet, premier adjoint à la mairie. Le 28 juin 2017, nous nous rendons devant la mairie pour interpeller les élus avant le conseil municipal : nous leur rappelons ainsi que nous voulons ouvrir un vrai débat à Aubervilliers, qu’ils doivent faire voter par Plaine Commune la réalisation d’études des différentes possibilités et que le prix de l’eau doit baisser.
Grâce à tout cela, nous avons réussi à faire émerger le sujet de la gestion de l’eau dans l’espace public, et en travaillant avec d’autres collectifs et associations la mobilisation débouche sur une petite victoire : Plaine Commune repousse le vote de ré-adhésion au SEDIF, prévu initialement le 26 septembre, à la fin de l’année. Le conseil municipal d’Aubervilliers vote un vœu appelant à un débat contradictoire organisé dans la ville et à la réalisation d’études de faisabilité en vue d’un possible passage en régie publique. Ce débat a eu lieu le 19 octobre. La Plaine Commune et 3 autres agglomérations, par son président M. Braouzec, annoncent fin novembre qu’elles ne renouvelleront que pour 2 ans le contrat avec le SEDIF pour laisser le temps d’étudier sérieusement les alternatives et un prix de l’eau plus faible : Victoire ! Nous restons vigilants pour la suite.
État de la bataille de l’eau à Aubervilliers
Nous avons réussi à nous allier à d’autres forces (notament les collectif Eau Saint-Denis et Aubervilliers) pour obtenir des avancées sur la campagne SEDIF/Plaine Commune ; toutefois nous avons aussi vu qu’il était difficile de mener une campagne à cet échelon de prise de décision, plus puissant et plus éloigné des membres d’Aubervilliers que ne l’est la mairie. Nous suivons l’actualité de la question mais cet aspect de la campagne est a priori terminé.
Pour ce qui est du rapport de force face à l’OPH et la mairie : nous avons réussi à constituer un groupe bien mobilisé autour du sujet, ce qui empêche M. Daguet, l’OPH et la mairie de nous mentir (moratoire des prélèvements de la dette de l’eau de 2016) sans que les habitants s’en rendent compte. En revanche, le fait que les prélèvements de 20€ n’aient finalement pas été suspendus montre bien que nous devons continuer à renforcer notre position et nos actions en 2018 pour obtenir l’application des promesses qui sont faites aux membres de l’Alliance Citoyenne et à tous les habitants ou locataires de la ville !